notre histoire

Le Showspace ANONYM’ART est né d’une question devenue pressante à la lumière des changements récents dans les conditions de vie à l’échelle internationale. Lorsque, soudainement, le monde entier est forcé d’arrêter de se déplacer, la question de l’accès à l’art se pose de façon urgente.

Comment faire découvrir, ressentir et apprécier une œuvre d’art, une exposition, si l’on ne peut plus voyager jusqu’à elle ?

Comme le reste du monde, l’art contemporain se retrouve plongé dans les eaux numériques, avec une capacité à naviguer et à survivre proportionnelle aux moyens financiers disponibles suite à la perte de galeries et d’institutions plus fragiles, et à l’isolation encore plus profonde de nombre artistes déjà en marge du système.

La question brûlante :

“Comment reproduire l’expérience particulière d’une œuvre d’art, d’une exposition, de la découverte en personne face à face, en temps réel ?”

Et, du fait de ce déplacement de masse dans l’univers numérique :

“Comment reproduire le plus fidèlement possible la complexité, la beauté et la puissance unique de l’expérience d’une œuvre d’art en présence physique, en la transposant sur un support numérique, c’est-à-dire, un écran ?”

Une partie du monde de l’art ayant déjà amorcé le pivot vers le numérique, les diverses variations sur le thème d’une expérience virtuelle qui émergent rapidement sur le marché opèrent un “copié-collé” des caractéristiques de l’expérience d’une œuvre d’art en personne : une salle d’exposition virtuelle, une balade en simulation 3D, une foire numérique avec des salles d’expositions virtuelles, ainsi de suite.

Au sein de cette démultiplication foisonnante d’invitations à découvrir des expositions virtuelles sur support numériques, personne ne semble se poser la question fondamentale qui détient pourtant une clé vitale à toute tentative de reproduire l’expérience d’une œuvre d’art en personne par le biais d’un écran :

“Quelle est la différence entre l’expérience de découvrir une œuvre d’art en personne, et l’expérience de découverte de cette même œuvre via un support numérique, c’est-à-dire en regardant un écran ?”

Puis :

“Quels sont les facteurs déterminants qui font en sorte que pour un observateur humain, la perception d’une œuvre d’art en présence est une expérience plus riche et profonde ?”

C’est uniquement en allant puiser dans notre connaissance du système perceptuel humain, notamment du système visuel et donc du cerveau, qu’il est possible de comprendre les caractéristiques biologiques et physiologiques qui rendent la perception d’une expérience en personne unique. Forts de ce savoir, il devient envisageable d’obtenir une cartographie des divers processus engagés dans ce type de perception et d’espérer la reproduire le plus fidèlement possible.

C’est l’aventure dans laquelle Authors Collective s’engage pendant plusieurs mois de recherche, de développement et de design, pour en arriver à une expérience singulière et sans précédent sur internet.

Comme plusieurs ont fait l’expérience de s’endormir devant l’écran cathodique des anciennes télévisions, de ressentir une fatigue oculaire ou d’avoir la vision floue après avoir passé de longues heures devant un écran d’ordinateur ou de téléphone, nous savons aujourd’hui que tous les supports numériques disponibles ont un impact sur notre système visuel et notre perception qui modifie la gamme possible d’expériences engendrées.

Pour résumer les conclusions de l’exploration du système perceptuel humain par la voie de la psychologie, de la théorie de la lumière et des couleurs, de l’étude empirique de la vision, de la physiologie du système visuel et des neurosciences cognitives, il y a une immense différence chez l’humain entre l’expérience d’une œuvre d’art en personne, et l’expérience d’une œuvre d’art via un support numérique.

En quelques mots, lorsque nous nous trouvons devant une œuvre d’art dans une galerie, un musée, ou même en extérieur, l’œil est très actif, réagit à la lumière environnante, plonge dans tous les détails de l’œuvre en balayages succincts et rapides, et prend ensuite l’ensemble en considération pour générer notre première impression.

Inversement, lors que nous regardons cette même œuvre par le biais d’un interface numérique, d’un écran, l’œil devient pour ainsi dire paresseux, en mode de veille, plus passif, ce qui résulte en une perception atténuée a priori.

Pourquoi cette différence dans l’activité de l’œil, du nerf optique, du cortex visuel est-elle importante, voire capitale à la question qui nous intéresse ?

En résumé : parce que c’est l’intensité de cette activité initiale qui déclenche une série de réactions successives libérant des influx nerveux, hormones, neurotransmetteurs, etc. Ces diverses sources d’information vont ensuite distribuer des instructions physiologiques dans les systèmes du corps pour créer un ensemble d’impressions, de sensations, d’émotions qui, combinées, produisent notre impression générale de cette œuvre d’art: une certaine émotion, des sensations, des idées associées, des souvenirs et une empreinte se formant dans notre mémoire.

Cette véritable symphonie d’infimes réactions et signaux des diverses parties de notre corps est en effet déterminante de la qualité et de la richesse de notre expérience. Un système visuel stimulé et actif est donc prometteur d’une profondeur d’expérience accrue tandis qu’au contraire, un système en veille et passif conduit inévitablement à une expérience appauvrie.

Revenant à notre interrogation initiale : il est donc évident, peu importe l’originalité ou l’esthétique de la présentation d’une œuvre d’art sur un support numérique, que si l’on ne prend pas en considération la nécessité de stimuler d’avantage le système visuel par ce que l’on transpose sur l’écran, il devient impossible de générer une expérience riche et profonde, ainsi que des sensations et émotions propices à ancrer une trace indélébile dans l’esprit et la mémoire de l’observateur.

C’est ce qui nous amène au point de départ du développement qui a donné naissance au Showspace ANONYM’ART.

L’équipe d’Authors Collective s’est plongée dans les plus infimes détails de la perception visuelle chez l’humain, par voie des sciences cognitives et des autres champs évoqués plus haut, pour ensuite en faire une rétro-ingénierie tenant compte de tous les marqueurs physiologiques entrant dans la perception d’une œuvre, une longue liste détaillant le comportement de tous les systèmes participant à la vision.

C’est là la base du défi à relever : trouver un moyen de réveiller le système visuel, en tentant d’amener l’œil de l’observateur à se comporter de façon plus dynamique devant un écran, pour ainsi activer les autres systèmes et espérer retrouver le fil d’une émotion, d’une empreinte plus forte, d’un souvenir qui persiste plus longtemps dans la conscience.

Construit en suivant strictement les impératifs dictés par le système perceptuel de l’observateur, le Showspace ANONYM’ART est un espace virtuel qui propose une découverte purement visuelle des œuvres d’art présentées. Sans interférence de mots, de concepts, de directions quant à la navigation, c’est un univers numérique qui interpelle l’œil en présentant divers détails d’œuvres différentes, en perpétuel mouvement aléatoire de telle sorte que l’on ne retrouve jamais la même configuration des œuvres et des détails.

Tout comme notre expérience de la réalité qui nous entoure, le Showspace ANONYM’ART change constamment, de telle sorte à garder tous nos systèmes en alerte, évitant la passivité qui s’ensuit lorsque l’on sait exactement à quoi s’attendre ou que l’on se retrouve dans un milieu pré-codifié.

Ainsi, les multiples Showspaces proposent des ambiances différentes du fait des couleurs de fond qui se fondent en permanence les unes dans les autres, ce qui correspond au changement d’illumination ambiant dans un lieu physique, donnant l’illusion à l’œil et au système nerveux que la lumière autour des détails des œuvres change, et permettant ainsi la détection de saillances et de motifs différents au sein des même détails.

En cliquant sur un détail qui attire le regard, on obtient une image de l’œuvre entière présentée de façon classique sur fond blanc, tel qu’on le retrouve sur l’ensemble des autres propositions numériques. En cliquant encore sur l’œuvre elle-même, on retrouve une version encore agrandie, de telle sorte à pouvoir ouvrir l’image jusqu’à en détecter les traits de pinceau – une expérience qui devient alors également tactile sur les écrans de téléphones et de tablettes.

En explorant le Showspace ANONYM’ART, on est invité à prendre le temps, à flâner, à se laisser porter par les détails et les couleurs, à se balader d’un Showspace à l’autre, comme on le ferait dans un musée, passant d’une salle à une autre, s’attardant plus longuement sur certaines œuvres qui attirent notre regard, pour parfois y revenir encore par la suite.

Le Showspace ANONYM’ART est un lieu de liberté totale où l’on indique pas l’ordre dans lequel l’expérience doit se dérouler : aucune signalétique ne guide l’observateur, et chaque visite surprend en présentant un point de départ différent. Le Showspace est sans cesse renouvelé par un ordre d’affichage des détails en constant mouvement et des effets d’ensemble à l’image du hasard et des découvertes inattendues et fructueuses que l’on rencontre dans la vie de tous les jours, au contraire de l’univers très structuré, prévisible et conditionné du monde numérique habituel. Cet aspect est également déterminant et permet de maintenir la vivacité de l’expérience malgré l’effet asthénique de l’écran.

Chaque spécificité de l’architecture du Showspace ANONYM’ART correspond donc non pas à une proposition esthétique, mais à une fonction précise permettant de stimuler l’œil, de surprendre le système visuel, de réveiller l’attention et de simuler le plus grand nombre de comportements physiologiques de la vision, générant ainsi une expérience hybride, entre la passivité de l’observation d’un écran et l’activité foisonnante du regard in situ.

Pourquoi ANONYM’ART ? Pourquoi choisir de conserver l’anonymité des artistes pendant la navigation sur les multiples Showspaces qui constituent la totalité de chaque exposition ANONYM’ART ?

L’anonymité est en effet une des caractéristiques distinctives du Showspace ANONYM’ART, d’où son nom, et assume deux fonctions importantes.

Tout d’abord, comme expliqué précédemment, afin de construire un espace purement visuel, il est essentiel d’éliminer tout ce qui pourrait faire compétition à la vision au sein de notre attention. Les concepts véhiculés par les mots, dont les noms, génèrent automatiquement des pensées et captent immédiatement l’attention, particulièrement sur la toile du fait de la nature informationnelle de cet outil.

Si l’on veut s’assurer que toute l’attention soit concentrée et dirigée exclusivement sur l’aspect visuel, toute présence des autres modalités de perception doit être éliminée au maximum. Sur un écran, il est impossible de contrôler les facteurs extérieurs, mais il est possible de ne pas ajouter de son, et de retirer tout stimuli conceptuel pour donner toute la place à l’univers visuel.

L’absence du nom des artistes en association immédiate à leurs œuvres dans cet espace d’exposition numérique permet à une seconde fonction d’émerger, venant répondre à une intention plus philosophique de cette initiative.

L’anonymité des artistes au sein des multiples Showspaces ANONYM’ART permet en effet de découvrir simultanément et côte-à-côte des artistes reconnus et des artistes émergents, et de rendre leurs œuvres accessibles sur un pied d’égalité.

Ainsi, sans connaître d’avance l’identité de l’artiste auteur de chaque œuvre d’art que l’on découvre, on se présente à l’expérience sans a priori, sans pré-conditionnement, sans idée déjà définie quant à notre agrément, notre plaisir et notre ressenti.

La structure de l’expérience ANONYM’ART permet donc une découverte authentiquement universelle, impartiale, basée exclusivement sur le rapport visuel à une œuvre en elle-même, sans pollution cognitive ou conceptuelle, sans préjugé quant à la qualité découlant d’opinions d’autres parties, ou d’attentes du fait de la popularité d’un artiste, du prix de vente de l’œuvre, ou d’effet de mode ou de tendance quant à la cote du moment.

L’anonymité invite également une plus grande audience à participer au monde de l’art contemporain sans complexe, en retirant l’aspect intimidant pour plusieurs de la montagne de connaissances prétendument nécessaires à l’appréciation de chaque œuvre, chaque artiste, chaque époque, chaque courant. Sans mots, identification et explication, on en revient à une expérience ouverte à tous et toutes, au-delà des cultures, des savoirs et des dogmes.

Ce mode unique de présentation ouvre ainsi un espace proprement démocratique pour les œuvres d’art en elles-mêmes, là où elles peuvent être admirées en détail pour leur qualité intrinsèque, leur valeur absolue au sein d’un ensemble agencé par ses caractéristiques visuelles universelles, sans autre hiérarchie que celle des mécanismes internes de la physiologie humaine de la vision.

Depuis son lancement, le Showspace ANONYM’ART attire un vaste auditoire des quatre coins du globe, toujours enchanté d’y découvrir les œuvres d’art présentées. En plus d’introduire une dimension ludique permettant d’aiguiser l’œil du collectionneur chevronné et de l’amateur d’art averti, l’anonymité permet une vraie découverte sans préjugé ni attente qui teinterait l’expérience de l’œuvre elle-même.

Aux confluences des différents acteurs du marché, ANONYM’ART propose enfin une voie d’exposition complémentaire aux artistes et galeries représentés ainsi qu’un accès direct à un nouveau public international de collectionneurs avertis et d’institutions établies.

Une proposition hybride entre exposition privée et sélection curatoriale inédite, le Showspace ANONYM’ART marque l’avènement d’un écosystème durable pour le marché de l’art contemporain. Du fait de son parcours optimisé studio-to-wall, les collectionneurs et amateurs d’art n’ont plus besoin de voyager physiquement pour retrouver la magie perceptive de la première rencontre avec une œuvre d’art, entre émerveillement et désir. En effet, le Showspace ANONYM’ART permet de découvrir une œuvre et de recevoir, sur demande, une présentation personnalisée de l’artiste et de la pièce en vue de l’acquisition. Cette approche épurée assure également l’acheminement de l’œuvre pour un dévoilement exclusif à son acquéreur.

Libérée de la coutume prévalente de dévoiler immédiatement la signature, le prix ou la galerie représentante de l’œuvre, l’emphase revient naturellement sur la qualité et la valeur intrinsèque de l’œuvre d’art ; ces détails étant naturellement révélés sur demande au cours du processus d’achat, de manière à garantir une acquisition enrichissante et informée.

L’arrivée du Showspace ANONYM’ART esquisse les contours d’une énergie nouvelle dans le monde de l’art contemporain, privilégiant l’expérience de l’œuvre en elle-même, l’art dans sa forme la plus pure : la valeur absolue de l’art.